Le sélectionneur national David Jansson a coaché des juniors romands. Objectif: fédérer le pays autour d’un projet
24heures: Pierre-Alain Schlosser (08.03.2018)
Imaginez Vladimir Petkovic donner la leçon à des footballeurs de 11 ans. C’est ce qui s’est passé récemment en unihockey. L’entraîneur national David Jansson a coaché une sélection romande de juniors D. Une opération qui s’est déroulée durant les pauses d’un match de LNA entre Köniz et Zoug, devant quelque 1200 spectateurs. «Notre ambition est que ces enfants de 11 ou 12 ans deviennent les pros de demain, explique le Suédois. Je suis fier d’être coach national suisse et mon rôle est aussi d’aider ce sport à se développer en Suisse romande. Dans cette optique, je suis venu plusieurs fois dans le canton de Vaud et en Valais pour entraîner des jeunes. C’est le moins que je puisse faire pour contribuer à l’évolution de ce sport.»
Stratégie dynamique
Cette opération n’est pas anodine. Swiss Unihockey a mis sur pied une stratégie de développement offensive. Le but est ni plus ni moins de remporter l’or des JO de 2028. L’une des idées novatrices est de voir des joueurs et entraîneurs charismatiques de l’élite entraîner des jeunes dans les quatre coins du pays.
Un quatuor d’anciens joueurs et entraîneurs suisses de pointe, tous trentenaires, ont élaboré une brochure de 60 pages, intitulée Swiss Way. Cette véritable feuille de route définit la stratégie à adopter pour devenir la nation No 1 de l’unihockey. Avec comme objectif ultime, celui d’être champion olympique. Cette initiative se nourrit des valeurs et de la culture helvétiques. À savoir: la qualité, l’ardeur, la structure, l’ancrage et la fiabilité.
Cette stratégie se veut dynamique. L’action est dirigée vers l’offensive. Exit le jeu stéréotypé. Chaque profil est valorisé, quel que soit le type de joueur. La vitesse d’exécution, la prise de décision, la confiance, le mental. Le programme demande d’entraîner le 1 contre 1, dès les juniors. Il implique chaque unihockeyeur, qui doit par exemple exercer le maniement de la canne quinze minutes par jour. «Avoir du plaisir à jouer est la meilleure façon d’obtenir des résultats», complète David Jansson.
Utopie helvétique?
Troisième nation mondiale, derrière la Suède et la Finlande, la Suisse a raison de viser haut. Sauf que l’unihockey ne figure pas encore au programme olympique. Cette discipline répond toutefois à tous les critères d’éligibilité. Reconnue par le CIO, elle compte 67 fédérations nationales, alors qu’il en faut 50. Qui plus est, ce sport est représenté en Europe, en Asie, en Afrique, en Océanie et en Amérique du Nord et du Sud, alors que l’instance olympique exige une présence sur au moins trois continents. L’unihockey partage également les valeurs des JO, en termes de fair-play (frapper sur la canne d’un adversaire est passible de 2 minutes de pénalité), d’excellence et d’égalité. Selon John Liljelund, secrétaire général de la Fédération internationale, ce sport télégénique et spectaculaire pourrait intégrer le programme des Jeux de Los Angeles. Cité par insidethegames.biz, le Finlandais espère dans un premier temps que l’unihockey fera partie des World Games de Birmingham (Alabama) en 2021, pour y dévoiler ses atouts.
Les États-Unis seront-ils conquis par la petite balle blanche aux 26 trous? En attendant, la Suisse fourbit ses armes.
Fribourg est monté en LNB en 2017, les dames d’Yverdon les ont imités, fin février. Un vent de fraîcheur souffle sur l’unihockey romand. «En me rendant à Fribourg, j’ai pu constater le soutien du public pour ce club, observe le sélectionneur national David Jansson. Plus il y aura d’équipes compétitives en Suisse romande, meilleur sera le niveau. Nous avons besoin de toutes les régions du pays pour progresser.»
L’ouverture de Swiss Unihockey pour la Suisse romande est certaine. «Mais l’élan est romand, rétorque Michel Ruchat, président de la région I (Suisse romande) à Swiss Unihockey. Nous multiplions les initiatives comme le Romandie Day, qui a réuni 645 Romands lors d’un match de LNA. Nos relations avec le club de Köniz nous permettent d’obtenir plusieurs internationaux, lors de nos événements. Nous avons aussi mis en place des structures cantonales. Le rôle de Swiss Unihockey est quant à lui ambigu, car nous ne bénéficions d’aucun soutien financier. En revanche, la fédération joue le jeu à un autre niveau. Sans elle, nous n’aurions certainement pas obtenu l’Euro Floorball à Lausanne en 2016 (ndlr: tournoi réunissant les 4 meilleures nations du monde), l’U15 Trophy et les Championnats du monde féminin en 2019, à Neuchâtel.»
En attendant une structure sport-études dans le canton de Vaud, les jeunes talents sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance outre-Sarine. À l’instar de Yohan Moser, 15 ans. Ce joueur de Cheseaux a rejoint les U16 et U18 de Floorball Köniz. «En Suisse alémanique, il y a davantage de concentration durant les séances. Il y a aussi plus d’intensité dans le jeu et on doit tout donner à chaque instant. Les entraîneurs nous poussent à jouer le plus rapidement possible. Les coaches romands devraient en prendre de la graine», estime le jeune Vaudois, qui suit trois entraînements hebdomadaires avec l’équipe bernoise.
Michel Ruchat, qui remettra son mandat en juin, multiplie quant à lui ses actions sur le terrain. «Nonante enseignants ont eu l’occasion de tester ce sport en septembre dernier, lors d’un cours que nous avons mis en place. L’unihockey fait sa place dans les écoles», assure l’Yverdonnois.